Par rédacteur en chef Fathi Ibrahim Bayoud; Traduction par Arslen Abouda
(Zaman Al Wasl)- Plus d'une année s'est écoulée depuis la publication des
macabres photographies de dizaines de cadavres de détenus, morts sous la
torture dans les geoles du régime de Bachar El Assad. Ces images avaient été
exfiltrées par un officier dissident surnommé "Le César".
Elles
montraient des corps bleuis, criblés et calcinés, comme s'ils avaient été
aspergés de matières incendiaires, avant d'être plongés dans des sacs en
plastique qui ne cachent rien de leur nudité, aux yeux pudiques du monde.
Des images qui ressuscitent le souvenir des fours crématoires nazis. D'emblée, il est apparu que la bombe déclenchée par les images révélées par "Le César", dans la soirée des assises des pourparlers de Genève-2, a fait son effet sur Bachar El Assad et failli le conduire au même sort que Radovan Karadzic et autres criminels de guerre. Toutefois, la communauté internationale aura été d'un autre avis, puisque ni le génocide chimique, ni la mort de 16 mille syriens, sous la torture, selon "Le César", n'ont pu inciter la communauté internationale à adopter une position sérieuse.
Passons maintenant de la communauté internationale à l'opposition syrienne, représentée par "l'Alliance patriotique", pour constater que les syriens ne sont pas encore au bout de leurs peines. En effet, autant la première n'a pas bronché, autant la seconde n'a rien fait, selon une lettre rédigée par l'assistant du "César" et envoyée au journal "Zaman Al Wasl", y faisant le point de la situation concernant ce dossier mis sous silence et auquel nul ne s'est intéressé, ni le représentant de l'opposition, ni certains médias révolutionnaires.
Voici deux jours, "Zaman Al Wasl" s'est borné à publier des images inédites, montrant les visages des victimes et ceux des tortionnaires. Aujourd'hui, le journal publie la lettre du "César", qui a réussi à exfiltrer plus de 50 mille photographies de 16 mille personnes, mortes sous la torture ou d'inanition, dans les geoles des services de renseignements syriens.
"Zaman Al Wasl" met ces nouvelles images -- qui lui appartiennent-- de même que les précédentes, diffusées par les agences, ainsi que la lettre, entre les mains de la communauté internationale, de "l'Alliance patriotique", des médias de la Révolution et de la presse arabe et occidentale.
OU EST LE CESAR ?
Voici près d'une année, les écrans de télévision du monde entier, les sites Internet et les médias avaient rempli les échos et accaparé l'attention du public, en dévoilant le drame de la mort sous la torture, dans les geoles d'El Assad, de milliers de syriens, de façon méthodique, programmée et ininterrompue.
Cette révélation avait été l'oeuvre d'un héros, surnommé "Le César". Au début, il a semblé que la bombe déclenchée par certaines fractions de l'opposition syrienne, le jour même de la tenus des pourparlers de Genève-2, allait avoir un impact sur El Assad et le conduire à un sort comparable à celui de Radovan Karadzic et autres criminels de guerre.
La révélation de ce drame a conduit à la découverte d'un génocide programmé, mené par les organismes sécuritaires du régime d'El Assad, sous la supervision directe de celui-ci. C'est ce qui a jeté la confusion dans les rangs de la délégation du régime d'El Assad, lors des pourparlers de Genève, en la délestant de la formule magique sur laquelle elle avait bâti son discours médiatique savamment préconçu et échafaudé sur la notion de lutte contre le terrorisme.
Les membres de la délégation de Damas n'avaient plus le temps de préparer un plan médiatique de rechange; El Assad qu'ils étaient venus présenter à l'Occident en partenaire dans la guerre contre le terrorisme, et protecteur de l'Occident face à une prétendue lame de fond intégriste, s'étant subitement démasqué de manière indéniable, en terroriste par excellence.
Changer de discours ne devait pas consister seulement à changer un ton et un style dont les acteurs de l'information du régime de Damas maitrisaient l'art, mais aussi et surtout à changer de stratégie et à modifier l'ensemble l'ensemble de la dialectique des négociations à Genève. Or, la délégation de Damas n'en avait pas le temps. Du coup, le régime a perdu la main et a commencé à reculer, sous les yeux de millions de téléspectateurs fascinés, attendant avec ardeur l'apparition du "César", pour donner le coup de grâce , en ce moment historique crucial.
Toutefois, les journées suivantes n'apportérent rien de nouveau, les lignes de production, dans les "usines de la mort", en Syrie, continuant à tourner à plein régime, tandis que les cimetières se remplissent de cadavres en décomposition, empilés dans des caveaux.
OU EST LE CESAR ? Il a fait son apparition à Washington, après une longue éclipse. Il a paru timide, parlant à voix basse, à bout de forces, comme exhalant ses derniers soupirs, tant il a été usé par une négligence qui peut paraître compréhensible et prévisible de la part de la communauté internationale, mais ne l'est aucunement de la part de l'opposition syrienne, qui aura, ainsi, ajouté un nouvel échec à un bilan déjà fort lourd depuis le déclenchement de la révolution. Peut-être, l'apparition du "César" en tenue de plongée bleue signifiait-elle que cet homme s'est noyé dans l'océan de l'oubli.
Aujourd'hui, la balle que l'opposition avait réussi à porter à quelques mètres de la cage d'El Assad, est encore là, mais elle a été récupérée par le régime de Damas et ses alliés. Avec les mêmes arguments et dans le même contexte, des expositions internationales sont organisées, à l'initiative d'organismes internationaux influents, pour présenter des crimes contre l'humanité dont les présumés auteurs appartiennent, cette fois, à l'opposition, toutes tendances confondues. Des activistes favorables aux thèses du régime d'El Assad s'emploient à remplir les couloirs du Congrès américain, de photographies dont ils disent qu'elles témoignent des atrocités commises pat le Mouvement ISIS (Islamic State of Iraq and Syria), à l'encontre du peuple syrien. Ce faisant, ils cherchent à dire au monde entier et au pôle mondial de décision, que Bachar El Assad est leur protecteur face à ces assassins et criminels.
OU EST LE CESAR ?
Cette question va au-delà de la trame de cette histoire et de ses personnages, pour s'étendre à un espace plus vaste, qui n'est autre que la responsabilité humaine universelle envers ces vies qui ont péri et tant d'autres qui attendent leur tour, dans les couloirs de la mort, à Damas. C'est une tragédie dont la longueur et l'atrocité surpassent de loin, les pires feuilletons mexicains. Un film sans parole, en noir et blanc, ponctué de temps à autre, par des cris d'agonie.
L'image du régime est embellie et présentée aux instances internationales, comme étant celle d'un défenseur de la paix et adversaire du terrorisme, tandis que les dossiers documentés de la mort, continuent de moisir dans les tiroirs de l'opposition.
Dans l'intérêt de qui, le "César" s'est-il absenté ?
Combien de sacs de mort se sont
accumulés en son absence et depuis qu'il s'est éclipsé ? #SyriaMassTorture #AssadHolocaust
@fathibayoud [email protected]
( Click Here to view more photos of mass torture)
Comments About This Article
Please fill the fields below.